Le Fonds AXA pour la Recherche vient de lancer sa dernière publication sur le sujet : Biodiversité en péril : préserver le monde naturel pour notre avenir. Il s’agit d’une collection d’interviews, d’articles et de contributions scientifiques qui traite du caractère critique de la biodiversité et des interdépendances entre la nature, le changement climatique, l’économie et la sécurité. Elle est basée sur des interventions de scientifiques soutenus par le Fonds AXA pour la Recherche ainsi que d’experts en biodiversité et changement climatique. Le rapport contient aussi une vue d’ensemble des engagements d’AXA dans les stratégies d'atténuation de la perte de biodiversité et de résilience.

La biodiversité est l’ensemble des animaux et plantes qui produisent de l’oxygène, régulent l’eau, retiennent les sols et assurent la protection contre les inondations - entre autres, services vitaux d’une valeur inestimable et dont dépend la vie. La recherche a récemment mis en lumière le caractère critique de la perte de la biodiversité, avec un million d'espèces animales, végétales et d'insectes menacés de disparition (IPBES, 2019). Elle a également souligné sa relation avec le changement climatique et l'urgence de s'attaquer à ce problème mondial aux conséquences socio-économiques et géopolitiques d'une portée considérable.

Le changement climatique cause des dommages qui s’étendent aux écosystèmes et a été identifié comme l'un des facteurs principaux entraînant la perte de la biodiversité, derrière la destruction de l'habitat, les espèces envahissantes, la pollution et la surexploitation des ressources naturelles.

Alors même que les plantes et les animaux se sont adaptés rapidement aux précédentes périodes de réchauffement sur Terre, l'accélération rapide actuelle de la hausse de la température (+ 1°C depuis l'ère préindustrielle) représente un défi sans précédent pour la résilience des espèces végétales et animales, transformant leur vie de façons que nous commençons tout juste à comprendre.

Tout comme les océans, les forêts et les sols représentent des puits de carbone majeurs qui atténuent considérablement le changement climatique. De plus, les forêts tropicales sont des zones critiques pour la biodiversité. La déforestation, tirée par le développement économique et le commerce international, menace donc à la fois la stabilité du climat mondial et la survie des espèces : lorsque les arbres brûlent, ils libèrent le carbone qu'ils ont stocké, contribuant ainsi au réchauffement. La déforestation détruit également les habitats et supprime les ponts qui relient les différents écosystèmes.

Des initiatives associant le secteur privé, les gouvernements, les communautés locales et les ONG - telles que le reboisement, l’élévation de la nappe phréatique dans les tourbières et l’agriculture moins intensive - peuvent potentiellement réduire la déforestation, contribuant ainsi à atténuer les effets du changement climatique et de la perte de la biodiversité.

Les ressources naturelles diminuent en raison de l’exploitation non durable des écosystèmes afin de répondre à la demande en énergie et en matières premières d’une population mondiale en augmentation, estimée à dix milliards d’ici le milieu du siècle.

La raréfaction des ressources augmente les risques pour la santé et la sécurité alimentaire. On estime que 20 à 30% de la surface terrestre est dégradée - en grande partie à cause de la production de céréales, de l’élevage et d’autres formes d’agriculture ; Depuis 2015, plus de 33% des stocks mondiaux de poisson ont été pêchés à un niveau insoutenable, tandis qu’on estime que la production alimentaire mondiale devrait augmenter d'environ 50% d'ici 2050 (par rapport à 2005) pour nourrir la population mondiale en croissance.

Les pressions sur les ressources naturelles favorisent les troubles sociaux et peuvent déclencher ou amplifier des conflits. Les migrations ont augmenté de près de 50% au cours des deux dernières décennies et 40% de tous les conflits intra étatiques au cours des 60 dernières années peuvent être directement attribués aux ressources naturelles.

Dans ce contexte, les solutions possibles pour assurer la sécurité alimentaire d’une population mondiale croissante, incluent l’abandon des pratiques agricoles intensives: la réduction de l’usage de pesticides, la modification de l’utilisation des engrais, la réintroduction de fleurs dans les campagnes et le développement des espèces de cultures « vertes ».

La biodiversité fournit le capital naturel qui alimente notre croissance économique. Cependant, les externalités environnementales négatives de la croissance compromettent la durabilité de notre modèle économique et remettent en question les mesures traditionnelles de la richesse et du développement, telles que le produit intérieur brut (PIB).

Etablir la valeur monétaire de la biodiversité en dépit des incertitudes méthodologiques - en particulier en ce qui concerne les avantages culturels et spirituels de la biodiversité - est un moyen de transmettre l'argument économique de la protection de la biodiversité aux décideurs. Selon les estimations actuelles, les écosystèmes de notre planète offrent des avantages d’une valeur estimée entre 125 000 et 140 000 milliards de dollars par an, soit l’équivalent de plus de 1,5 fois le PIB mondial.

La perte de biodiversité aura un coût élevé pour nos économies : la perte d'habitat, la pollution, l'augmentation des parasites et d'autres espèces envahissantes affecteront des secteurs allant de l'agriculture, la pêche et la foresterie au développement immobilier, au tourisme et à la santé publique. Les populations à faible revenu, qui dépendent plus largement des ressources naturelles pour leur revenu et leurs moyens de subsistance, seront les plus exposées.

Le déclin du « monde naturel » a plusieurs conséquences sur le secteur des assurances : ces dernières années, l’intensification des tempêtes, des ouragans, des inondations et des incendies de forêt, conjuguée à une urbanisation croissante, a entraîné une augmentation des dommages et des sinistres. La perte de la biodiversité a également des répercussions sur notre santé, car elle entraîne une réduction de la qualité et de la diversité de nos régimes alimentaires, une diminution des stocks de ressources naturelles pour nos médicaments et une capacité réduite des écosystèmes à nous fournir de l'air frais et de l'eau pure. Enfin, la perte de la biodiversité est un problème important pour les chaînes d’approvisionnement complexes des entreprises opérant dans divers secteurs, tels que l’alimentation, l’agriculture, la vente au détail ou les produits pharmaceutiques. En assurant et en investissant dans ces sociétés, le secteur des assurances est également indirectement exposé à la question de la dégradation des ressources naturelles.

Face à ces défis, la stratégie d’AXA se déploie sur plusieurs fronts:

  • Assurances: AXA travaille directement avec les clients sur les risques environnementaux - le Groupe offre une couverture de la responsabilité des entreprises, des solutions paramétriques aux impacts physiques du changement climatique et des conseils en matière de réduction des risques. AXA cherche également à développer des produits innovants tels que des crédits de carbone bleu et une assurance pour les systèmes naturels - comme les récifs coralliens et les mangroves.
  • Investissement: La biodiversité sera de plus en plus intégrée dans la démarche d'investissement responsable d'AXA, via les sociétés dans lesquelles le Groupe investit et par le lancement d'un fonds à impact de 200 millions d'euros pour le climat et la biodiversité destiné à des projets protégeant les habitats naturels et générant des avantages économiques et sociaux aux communautés locales.
  • Recherche: AXA s'est engagé dans l’appui à l recherche scientifique via son initiative de mécénat scientifique, le Fonds AXA pour la Recherche, qui soutient notamment plus de 60 projets liés à la biodiversité, pour un montant total de 10 millions d'euros.
  • Responsabilité d’entreprise: La lutte contre la perte de la biodiversité nécessitera une action large et une collaboration plus étroite entre les secteurs privé et public, ainsi que les ONG, qui disposent souvent de l'expertise et des connaissances locales nécessaires à une politique efficace. En mai 2019, AXA a publié une série de recommandations conjointement avec WWF France et a encouragé les gouvernements à définir des priorités claires. Cela a abouti à une charte du G7 visant à intensifier les efforts pour relever le défi de la perte de biodiversité, et des engagements et des objectifs supplémentaires sont en cours de formalisation.

Biodiversité en péril

Préserver le monde naturel pour notre futur

AXA RESEARCH GUIDE

En savoir plus sur les projets des chercheurs soutenus par AXA en biodiversité

Prof. Colin Prentice
Chaire AXA sur la biosphère et les effets climatiques.
Dr. Cosima Porteus
Bourse post-doctorale AXA à l'Université d'Exeter, Royaume-Uni (2012-2014). Prévision des risques liés au changement climatique pour les pêcheries commerciales et l’aquaculture fondée sur des approches génétiques et physiologiques des stades de vie précoces du poisson.
Dr. Vincent Gauci
Financement du projet par AXA avec l'Open University, Royaume-Uni (2012-2016). Menaces sur la stabilité du carbone accumulé dans les tourbières tropicales soumises à la déforestation et au drainage : mesure des échanges de gaz à effet de serre face aux changements.
Dr. Diego Navarrete
Doctorat soutenu par AXA à l'Université d'Exeter, Royaume-Uni (2012-2015). Amélioration des estimations d’émissions de CO2 dans le cadre du dispositif REDD+ dans les forêts amazoniennes : mieux comprendre pour atténuer le changement climatique.
Prof. Rod Wing
Chaire AXA en Biologie du génome et génomique de l'évolution à l'IRRI, Philippines (2013-2019).
Dr. Coline Jaworski
Bourse post-doctorale AXA à l'Institut méditerranéen de biodiversité et d'écologie marine et terrestre de l'Université d'Aix-Marseille, France (2017-2019). Quel sera l’impact du changement climatique sur la pollinisation ?
Dr. Sophia Hansson
Bourse post-doctorale AXA à l'Institut National Polytechnique de Toulouse. Devenir des polluants anciens dans l'environnement actuel et biodisponibilité potentielle dans les bassins versants de montagne.
Dr. Graeme Nicol
Chaire AXA en Ecologie Microbienne et Ingénierie des Ecosystèmes.
Dr. Kelvin Peh
Bourse post-doctorale AXA à l'Université de Cambrifge, Royaume Uni (2011-2013). Quantification des risques causés par la perte de l'habitat : boîte à outils pratique pour une prise de décision éclairée.
Prof. Franck Courchamp
Prof. Dirk Schmeller
Chaire AXA en écologie fonctionnelle de la montagne, EcoLab, ENSAT - Institut National Polytechnique, Toulouse, France (2018-2023).